De « FarmVille » à « Candy Crush Saga », un réseau social laboratoire du jeu vidéo


Mark Zuckerberg brûle des milliards de dollars pour accomplir ses rêves futuristes : sa division spécialisée dans la réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR), Meta Reality Labs, a enregistré près de 25 milliards de dollars (23 milliards d’euros) de pertes entre janvier 2022 et novembre 2023, et peine malgré tout à donner corps au concept de métavers. Du côté du jeu vidéo, débouché logique de ces innovations, leur casque MetaQuest 3, mis en vente en octobre 2023, ne séduit qu’une niche technophile. Malgré les dépenses colossales, le géant des réseaux sociaux reste un nain du secteur vidéoludique.

Pourtant, Facebook a déjà marqué une empreinte indélébile sur l’histoire de ce média. Presque sans rien faire. Au tournant des années 2000, et pendant moins de cinq ans, quantité d’expériences simples et colorées ont éclos sur ce réseau. Si beaucoup sont aujourd’hui oubliées, les succès viraux de FarmVille, de Words with Friends et Candy Crush Saga se sont ensuite imposés sur smartphone au début des années 2010. Et ont façonné ce qui était appelé à devenir le secteur le plus rentable de l’industrie : le jeu vidéo mobile.

Tout commence en 2007. Les jeux vidéo débarquent sur Facebook lorsque la plate-forme s’ouvre à des applications externes. Pas question de rivaliser avec les expériences sur PC et console, les développeurs parient sur des formules intemporelles et conviviales : un clone du Scrabble (Scrabulous) et un jeu de poker (Zynga Poker) font sensation. Si le premier est bouté hors de Facebook au bout d’un an pour plagiat, le second permet les premiers pas d’un jeune studio américain, aujourd’hui spécialiste du jeu mobile, qui sera racheté quinze ans plus tard pour plus de 12,7 milliards de dollars (11,7 milliards d’euros) par l’éditeur Take-Two.

« Scrabulous » était conçu par deux Indiens, adeptes de tournois de Scrabble. Hasbro, propriétaire de la marque, a lancé des poursuites contre ce plagiat après son succès sur Facebook.

Veaux, vaches, cochons et notifications

Accessibles gratuitement, les jeux disponibles sur Facebook essaiment grâce aux cercles d’amis : « La population rencontrée n’y était pas la même que sur Xbox, PlayStation ou dans les jeux en ligne. On interagissait avec des amis et de la famille, proche ou éloignée. Ça transcendait les générations », se souvient Scott Jon Siegel, ancien game designer chez Zynga, également passé chez PopCap et Epic Games. Ils accompagnent l’émergence d’une population de joueurs qui ne se considère pas comme « gamer », un public occasionnel qui plébiscite à la même époque la console Wii de Nintendo.

A partir de 2009, FarmVille déboule. « Personne ne s’attendait à ce que ça marche !, se remémore Scott Koenigsberg, responsable des contenus et de la stratégie chez Zynga. Quand on disait : “vous allez construire une ferme, prendre de soin de vaches et de cochons, décorer avec des meules de foins”, ça n’excitait pas grand monde. » Ce format de « bac à sable zen dans lequel les joueurs peuvent s’exprimer », comme le définit Scott Koenigsberg, devient pourtant un nouveau mètre étalon du genre.

Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source
Catégorie article Politique

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.